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« Les prix des céréales s’envolent sous l’effet des fondamentaux »

« Les marchés céréaliers ont abandonné le pricing des risques non fondamentaux », constatait François Luguenot (à dr.), lors de la présentation du Cyclope 2024 mardi 14 mai, aux côtés de Philippe Chalmin, codirecteur de l'ouvrage.

La météo chaotique dans l’hémisphère nord est responsable de la hausse des cours des céréales, selon l’analyste indépendant François Luguenot (ex-InVivo), qui s’exprimait lors de la présentation du 38e rapport Cyclope, mardi 14 mai à Paris.

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« Attendre et espérer. » Tel est le sous-titre du 38e rapport Cyclope (1), que son codirecteur Philippe Chalmin justifie ainsi : « Nous sommes toujours dans cette période de choc, de rupture, démarrée symboliquement par la crise du Covid en 2020 et marquée par des impasses géopolitiques, le degré zéro de la concertation internationale, une croissance relativement molle, des marchés plus volatils que jamais… Manifestement, le monde est à la recherche d’un nouvel ordre international », ajoutait-il lors de la présentation de l’ouvrage, mardi 14 mai.

Les risques géopolitiques ne sont plus pris en compte

Du côté des céréales, l’année 2023 a été marquée par un certain retour à l’abondance et un effondrement des cours accentué par la guerre des prix à l’export menée par la Russie et l’Ukraine, et dans une moindre mesure par la Bulgarie et la Roumanie.

François Luguenot, analyste des marchés de matières premières agricoles, directeur de FL Consultants, et ex-responsable de l’analyse des marchés chez InVivo, précise : « À partir de l’été dernier, les prix n’ont jamais cessé de refluer. Comme si les situations de tensions très fortes (Ukraine, Taïwan, mer Rouge, canal de Panama…) ne comptaient plus. C’est le retour de la prédominance des fondamentaux dans les marchés céréaliers et l’absence totale du pricing [prise en compte, ndlr] des risques géopolitiques. » Laissant entendre que, si demain un problème sérieux se présentait en mer Noire, en mer Rouge ou à Panama, la situation pourrait devenir explosive.

Une érosion prévisible des stocks

Concernant la situation actuelle, « les prix s’envolent depuis quinze jours pour arriver aux niveaux connus il y a un an, commente-t-il. Ceci sous l’effet des fondamentaux et notamment des phénomènes météorologiques dans l’hémisphère nord ». Et d’évoquer la sécheresse et le gel en Russie, un « printemps pas formidable » et « des cultures pas en bon état » en Europe, qui s’ajoutent à des semis d’hiver en retrait.

« L’hémisphère nord va produire moins de céréales à paille, ajoute-t-il, mais l’hémisphère sud pourrait en produire plus. Selon le rapport mensuel de l’USDA publié vendredi dernier, le monde va produire plus en 2024-2025 mais consommer encore davantage. Par conséquent, les stocks vont s’éroder. »

(1) Cyclope 2024, éditions Economica, 753 pages, 139 €. À commander sur www.cercle-cyclope.com.

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